Interview - François Faure (Ostinato, Booster, Juan Rozoff)

Mardi 13 Septembre 2005

A Paris, le jeudi, lorsque le jour devient nuit et que le jazz devient fusion, c'est au fond d'un ancien cachot (le Caveau des Oubliettes!) que se retrouve toute une bande de musiciens acharnés pour jammer autour du Maître de Cérémonie, Grand Sachem du Fender Rhodes.
Ledit maître, François Faure, est avec son groupe Ostinato et sa jam session hebdomadaire le leader de la scène jazz-funk et jazz-rock en France.
On le retrouve régulièrement sur scène et en studio avec Juan Rozoff, Booster ou Tom & Joyce.
Et ses incursions récentes vers d'autres mondes musicaux en font l'un des claviers les plus respectés sur Paris.


Quel a été ton parcours musical?

Interview - François Faure (Ostinato, Booster, Juan Rozoff)
J'ai commencé le Conservatoire à 7 ans après avoir fait un peu d'initiation. J'y allais 3 soirs par semaine pour le piano, le solfège et la chorale.
Il y avait un piano à la maison, mon père en jouait un peu et mes frères prenaient des cours aussi.
J'ai accroché rapidement même si vers 13 ans j'ai eu envie d'arrêter comme tout le monde.
Mes parents n'écoutaient pas beaucoup de musique. Mon père avait quelques disques de classique et de jazz New-Orleans. Mais ce sont mes frères qui m'ont fait découvrir Tears For Fears, Police et Genesis.
J'écoutais donc du rock anglais en même temps que je jouais du classique.

Et les premiers groupes?

J'ai commencé par acheter des partitions de groupes comme Supertramp vers 15 ans pour combler le décalage entre ce que je jouais et ce que j'écoutais.
Vers 16 ans, j'ai formé mon premier groupe au collège ; on reprenait les Blues Brothers, Eurythmics ou Level 42 et on animait des soirées comme groupe de reprise.
A 19 ans, je jouais dans un groupe avec Guillaume Farley (bassiste/guitariste de Juan Rozoff et Booster) mélangeant chanson et funk, on a même fait des musiques d'habillage pour Canal+.
Mais je ne trouvais pas dans les chansons la dimension artistique que je recherchais.

Comment est venu le déclic pour le jazz?

J'ai un ami qui écoutait beaucoup de jazz. La musique me plaisait beaucoup mais même si j'avais de bonnes bases harmoniques j'avais dû mal à la comprendre.
J'ai donc décidé de partir un an aux Etats-Unis pour étudier. Et c'est au Berklee College of Music que j'ai vraiment compris l'essence de la musique noire américaine et la profondeur de sa culture. J'ai été vraiment touché par le rythm'n'blues, la soul, le funk, par l'émancipation des noirs dans les années 60/70 et le free-jazz.
J'ai découvert le jazz électrique, Miles Davis, John Coltrane. Les cours étaient très adaptés, j'y ai beaucoup appris : l'improvisation, l'harmonie, les musiques africaines, indiennes, latines ou pop.

C'est là que tu as créé le groupe Ostinato?

Oui, Ostinato a été créé quelques mois après que je sois revenu des USA. Le but était de reprendre des standards de jazz en funk afin de jouer dans des clubs. Finallement, je suis rentré et j'ai donné des cours pendant 4 ans.
Le nom Ostinato, en hommage au morceau de Herbie Hancock sur Mwandishi, représente le groove, la forme répétée, le pattern de basse. Je me suis rendu compte de l'historique du nom que bien plus tard (ostinato est un terme utilisé en musique classique pour définir une cellule rythmique ou mélodique qui se répète afin de servir d'accompagnement, ndlr) .
L'idée de départ était d'écrire des boucles de basse-batterie et d'arranger des thèmes de jazz par dessus.

C'est toi qui as écrit l'album Diaspora?

Ostinato - Diaspora
Ostinato - Diaspora
Oui j'ai tout écrit, à l'encre, sur papier.
Je progammais la séquence basse-batterie dans l'ordinateur, ce qui me permettait de jouer par-dessus et d'écrire les partitions pour tout le monde (batterie, basse, sax, guitare, clavier et cuivres), un peu comme dans les années 70 où il y avait des passages hyper-écrits et de longues plages d'improvisation.
Lorsque j'ai rencontré Kevin (Reveyrand à la basse) et Francis (Arnaud à la batterie), ils écoutaient plutôt la fusion des années 80, donc au début ç'a été un peu étrange mais finalement le mélange a été concluant car la période d'influence est plus grande.
L'identité du groupe vient du fait qu'on n'a pas essayé d'imiter les groupes tels que Weather Report ou Headhunters mais de reprendre l'état d'esprit dans lequel ils étaient et de laisser l'émancipation du musicien intacte. L'enregistrement était en live, les seules prises en "reureu" ont été des éléments de claviers supplémentaires et le pupitre de cuivres. L'album était en boîte en 2 semaines, mixage compris.
Le disque est co-produit avec Halbop par faute de maison de disques et distribué par Chronowax aux Fnac Bastille et Les Halles, et au Virgin des Champs Elysées. Il en reste encore quelques exemplaires chez ces disquaires.

En tant que MC de la seule jam jazz-fusion à Paris, quelle est ton appréciation de la scène jazz-funk en France?

Du fait qu'il n'y ait pas un label fédérateur, il est difficile d'avoir une vision globale de la scène jazz-funk. On connaît souvent le groupe de son quartier par des amis ; ce sont d'ailleurs sans doute pas mal d'amateurs (dans le sens non-professionnel, ndlr) .
Les jeunes musiciens que je vois aujourd'hui à la jam se lancent dans le jazz fusion d'une façon très naturelle sans se soucier si le style est à la mode, juste parce qu'ils aiment jouer ça et que de toute façon c'est une musique trop kiffante à jouer.
Dans mon souvenir, il y a 10 ans, dans les jams, la fusion était banie ; et dans les maisons de disques, les directeurs artistiques ne parlaient que d'électro. La fusion était boudée.
Aujourd'hui quand je vois le niveau des gars de 20 ans au Caveau, je me dis que la fusion a encore de beaux jours devant elle, et si personne ne s'en occupe au niveau des maisons de disques, je m'en occuperai!

Tu joues avec Juan Rozoff. Quelle est ton implication sur la scène Funk?

Je connais Juan Rozoff depuis 3/4 ans. On s'est rencontré à une jam au Cavern. J'en avais entendu parler mais ne l'avais encore jamais vu.
A la fin de la jam, je vois un petit bonhomme qui viens me voir "Ouais c'est super ce que tu fais..." et mes amis m'ont dit qui c'était plus tard. Ensuite je suis retourné le voir en concert.
Il était le premier à qui j'ai donné mon disque. Il n'a pas vraiment compris ma démarche au début, mais mon caractère timide limite autiste (rires) lui a plu et les échanges ont commencé ainsi.
J'ai retrouvé Guillaume Farley dans le groupe, il joue avec Juan depuis mon retour des USA. Ca nous a permis de nous retrouver. J'ai pu rencontrer Booster aussi, avec qui je joue en ce moment.

Quel est ton rôle dans le groupe de Booster?

Je n'ai pas joué sur le premier album. C'est Nicolas Gueguen qui était aux claviers ; il a d'ailleurs co-écrit pas mal de titres.
Moi je ne suis arrivé qu'à la fin de la tournée.
Dans son nouveau projet auquel je participe, Booster a une approche plus jazz-funk et fusion avec moins d'écriture et plus d'improvisations. Chacun apporte sa mélodie ou son pattern.

A quand le nouveau Booster, à quand le nouveau Rozoff?

Leurs albums sont quasi prêts.
Ils attendent tous les deux de trouver une maison de disques.

Quels sont les autres projets sur lesquels tu travailles?

Fender Rhodes, Clavinet, Moog...
Fender Rhodes, Clavinet, Moog...
J'ai joué sur un titre house de Jérôme Caron chez Yellow Prod sous le nom BlackJoy.
J'ai tourné jusqu'au Japon avec Tom & Joyce.
Je joue dans un projet électro assez "extrême" qui s'appelle Mandala Experience avec le co-producteur de l'album Diaspora et deux programmeurs pour basse-batterie. On enregistre de longues plages de 30 minutes dans un style assez psyché.
Et j'accompagne entre autres Benjamin Diamond et Manu Dibango.

Le saviez-vous?

François Faure a un homonyme pianiste bordelais. Ils ne se sont jamais rencontrés!

Les jam-sessions du Caveau sont enregistrées. Un, voire plusieurs CD sont en cours d'élaboration.

Paco Sery et Benjamin Henocq sont venus boeuffer au Caveau!

"Ce qui est bon, c'est quand la technique n'a plus d'importance. La musicalité est primordiale." François Faure

En savoir plus :

CONCERTS

Tous les jeudis de 22h à 2h :
François Faure Trio + Jam Session Jazz Fusion
Caveau des Oubliettes
52 r Galande 75005 PARIS
M° St Michel

DISCOGRAPHIE

Ostinato
Diaspora
Distribution Chronowax
Disponible aux Fnacs Bastille et Les Halles et au Virgin des Champs Elysées (Paris)

LIENS

http://www.myspace.com/ostinato


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