Red Beans : le chili à la sauce McGriff

Lundi 21 Novembre 2011

"Vous reprendrez bien un peu de chili ?"
"Non, merci. Je digère très mal les haricots rouges."
Votre méfiance vous honore et vos amis ne manqueront pas de remarquer que vous êtes de ceux qui ne négligent pas leur entourage. Or, pour une fois, vous voilà devant un plat de Red Beans qui ne devrait pas vous rester sur le ventre. Et pour cause, l’organiste Jimmy McGriff les a parfaitement assaisonnés. Mais si digeste que soit la préparation, vous risquez quand même de dandinez frénétiquement votre arrière train sur votre fauteuil dès la première écoute.


Un peu d'histoire

Red Beans : le chili à la sauce McGriff
Jimmy McGriff est né en 1936 à Philadelphie. Ses parents sont pianistes et son cousin est le saxophoniste Benny Golson (hard-boppeur à qui l’on doit, Whisper Not ou encore I Remember Clifford). Naturellement, il apprend la batterie, la contrebasse et le saxophone alto dans sa jeunesse. Après un passage dans les rangs de l’armée pendant la guerre de Corée, il devient policier. Un métier qui ne l’empêche pas, le soir, de jouer de la basse dans les clubs de Philadelphie où il accompagne des chanteuses comme Carmen McRae ou encore Big Maybelle.
Au milieu des années 1950, Jimmy McGriff investit dans son premier orgue Hammond B3 et étudie la musique au Combe College et à la Julliard School. Il prendra alors ses leçons avec quelques Milt Buckner et autres Jimmy Smith.

En 1962, sa reprise de I’ve Got A Womman de Ray Charles rencontre le succès et lance sa carrière tournée vers le jazz à tendance rhythm’n’blues. Il enregistre alors une série de disques à succès pour le label Sue (Kiko sur l’album Jimmy McGriff At The Organ en 1964 ou encore Turn Blue sur Blues For Mister Jimmy en 1965).
A la fin des années 1960 McGriff enregistre pour le label Soldid State (The Worm, 1968) et sort parallèlement quelques disques chez Blue Note, tels que Electric Funk qui ouvre la période funky de sa carrière, celle qui nous intéresse aujourd’hui.

Funky Jimmy

Red Beans : le chili à la sauce McGriff
Une anecdote raconte qu’au début des années 1970, Jimmy McGriff tente de se retirer de la musique pour se lancer dans l’élevage de chevaux. Mais l’ancien trompettiste Sonny Lester et son label Groove Merchant, pour lequel McGriff avait déjà enregistré (notamment avec son pote Richard "Groove" Holmes), continue de diffuser ses disques et, à partir de 1974, notre organiste retourne en studio pour de bon. C’est à cette période que sortent les albums les plus funky de sa carrière, parmi lesquels : Stump Juice en 1975 et le Red Beans qui nous intéresse en 1976.
Par la suite, Jimmy McGriff revient au blues-jazz qui avait forgé son succès. Il joue beaucoup pour le label Millestone dans les années 1980 et sort plusieurs albums avec le saxophoniste Hanck Crawford.
Jimmy McGrif meurt le 24 mai 2008, à 72 ans, des suites d’une sclérose.

Red Beans

Attention, gros funk ! En effet, poser Red Beans sur une platine et lancer le premier titre éponyme, c’est prendre le risque de recevoir une grosse claque de groove. Le morceau s’ouvre sur une cocotte de guitare rattrapée par le clavinet de Mcgriff. Puis une section cuivre, incisive du début à la fin du morceau, prépare le terrain d’un thème interprété par une jolie guitare saturée. Notons le chorus de Ténor de Michael Brecker qui, porté par le duo basse/batterie, bien énervé, n’en finit pas de monter. McGriff envoie ensuite un solo tout en percussions rythmiques sur des envolées de batterie. Puis on nous fait le coup du fade out et le morceau se termine.
Le titre Big Booty Bounce qui suit reste salement groovy mais la sauce retombe légèrement. La face se termine sur Space Cadet, un groove lent parsemé de quelques arrangements de cordes. Agréable, pas mémorable.

Red Beans : le chili à la sauce McGriff
Il faut attendre l’ouverture de la seconde face pour tendre l’autre joue et accepter la nouvelle gifle. Notons au passage que les trois morceaux les plus costauds de l’album, parmi lesquels les titres d’ouverture de chacune des faces, sont composés par le duo Brad Baker et Lance Quinn, guitariste qui assure la supervision musicale de l’album.
Le titre Cakes Alive ouvre donc la seconde face avec le trio Basse/Batterie/Guitare. Entrent alors les cuivres frétillants qui s’agitent de plus en plus pour introduire un gros groove de basse sur une note. Brecker, qui repassait par la avec son ténor, en profite pour envoyer un chorus à la fois technique et funky. Quelques interventions cuivrées plus tard, Jimmy McGriff fait monté son solo tout en retenue. Puis il s’emballe, répète les petites phrases incisives avant un retour éclair des cuivres pour finalement nous refaire le coup du fade out… J’ai rarement entendu pire queue de poisson. A croire que les morceaux qui groovent trop naturellement sont les plus durs à finir. On pardonne et on termine le disque sur deux titres plus calmes
Si Red Beans n’est pas un album majeur de l’histoire de la musique, il reste un classique. Un excellent disque de jazz-funk qui ravira les amateurs du genre grâce quelques titres débordant d’énergie. Il est aussi l’occasion, pour ceux qui rangeaient McGriff dans la case jazz à la papa spécialité orgue Hammond, de découvrir la belle période funky du monsieur qui laisse de jolies traces de bonheur dans les oreilles.

Infos

RED BEANS

Side A


Red Beans (Brad Baker / Lance Quinn)
Big Booty Bounce (Brad Baker / Lance Quinn)
Space Cadet (Bob Babbitt)
    
Side B

Cakes Alive (Brad Baker / Lance Quinn)
Sweet Love (Jerry Friedman)
Love Is My Life (Brad Baker / Lance Quinn)

Superviseur musical : Lance Quinn

JIMMY MCGRIFF : Organ, Acoustic Piano, Clavinet, Electric Piano

Solo : Mike Brecker (tenor solo on Cakes Alive & Red Beans) / Jerry Friedman (Guitar solo on Love Is My Life)

Bass : Bob Babbit
Guitar : Jerry Friedman / Lance Quinn
Keybords : Pat Rebillot
Drums : Barry Lazarowitz / Gary Mure
Trumpet : Alan Rubbin / Jon Faddis / Randy Brecker
Trombone : Barry Rodger / Dave Taylor
Saxophone : George Young / Mike Brecker / Lew Delgato
Percussion : Jimmy Maelen
Vocals : David Lasley / Arnold McCullen

Violon : Peter Dimitriades / Harry Cykman / Norman Carr / Richard Sortomme / John Pintavalle / Harold Kohan / Tony Posk / Carol Webb / Harry Glickman / Harry Lookofsky
Alto : Julian Barber / Seymour Berman
Violoncelle : Jesse Levy / Kermit Moore

Album enregistré en septembre 1976 aux Media Sound Studios.
Ingénieur du son : Tony Bongiovi
Design : Ron Levine
Photo : Lee Marshall

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