Disquaire indépendant depuis 1996 situé au 40, rue des fontaines, 60600 Clermont de l'oise

Eté 1980..

Nous sommes pour deux ou trois semaines de vacances au camping « Le Suroit » sur l’ile d’Oléron…Disons que ça devait être en plein mois d’Aout..

Une caravane, une tente pour mois ..

Un lieu ou chacun avait l’air de se connaître, de l’hollandais aux familles de la banlieue parisienne arrivées là pour un mois..

En fait, je garde très peu de souvenirs de ces vacances, hormis quelques anecdotes sans grands intérêts..

Non, pas grand-chose hormis une..

Elle allait faire la vaisselle avec sa maman, tous les mecs n’avaient d’yeux que pour elle, mais n’osaient pas l’aborder tant elle conservait une implacable indifférence..

J’ignorai à cette période encore que d’avoir très tôt tenté de traduire les divers textes des compositions des Beatles et autres Bowie aurai à ce point servi une cause des plus juste..

Je courtise donc la très charmante Julie Watson, ravissante londonienne de quinze printemps au physique avantageux pour son jeune âge, faisant froncer les sourcils des mecs du camping qui restaient pantois devant la déconcertante facilité avec laquelle j’étais parvenu à marcher dans les allées du camping en sa compagnie, et main dans la main s’il vous plait !

Je devenais rapidement ainsi celui qu’il fallait pour présenter untel à cette autre hollandaise, pour déchiffrer et rendre compréhensible ce qu’un autre n’exprimait maladroitement qu’avec ces mains, et rentrai de ce fait dans le cercle très fermé de ceux qui régnaient depuis quelques années dans ce même lieu..
J’avais la réelle impression d’être tombé du ciel à leurs yeux ainsi qu’a ceux de Julie qui ne parlait pas le moindre mot de français…
Je jubilais pensez donc..

Nous tissons rapidement elle et moi des affinités propres (..) à l’adolescence, nous amenant inéluctablement à un sujet si brûlant que je ne narrerai pas ici, de peur que vous vous mépreniez sur mes intentions autres que celles de conter une toute autre histoire..

Je ne ferai en aucuns cas état de prouesses autres que celle de l’acuité à me souvenir de détails bien moins futiles..

Je découvre donc un univers ou l’on me donne pour la toute première fois une importance nouvelle, ou l’on m’introduit, ou l’on parle de moi, on m’invite !

Et tout ça grâce à la musique !
Je chante près des feux sur la plage en m’accompagnant à la percussion !

Ah…

Enfin..


Chacun repart quelques temps plus tard, et remballe ces affaires, se promettant de s’écrire surtout !

Je fais ainsi pour la toute première fois également l’apprentissage de la correspondance, m’aidant du dictionnaire Français – Anglais, et expédie chaque semaine des courriers d’une rare incandescence, et développe progressivement un intérêt inédit pour la séduction épistolaire…

Je comprends aussi que pour une raison que j’ignorai en cette sainte époque, l’on n’a pas en retour l’élan qui vous habite...
Les lois de l’amour ne seraient donc point arithmétiques ?

Qu’à cela ne tienne ! Après qu’un ombrageux courrier en vienne à semer chez moi un doute inconcevable, je décide de traverser la manche en ferry, sans que rien ni personne n’en soit averti, à par ma mère…

Je prend le métro, le train, le bateaux, le tube anglais, puis encore le train pour arriver à destination en fin de mâtiné à sa porte…

La mine décomposée de sa maman m’accueille à l’entrée, et sonne déjà comme un prémices à une amère désespérance..

- Julie ?
- Yes mam
- Would you come here a minut..


Elle arrive , et n’en crois pas ces yeux..
Je ne me souviens plus des phrases prononcées, mais je vous laisse imaginer l’effroyable amertume qui m’a étreins à cette minute …

Je tente de ne rien laisser apparaitre, mais c’est une véritable douche froide qui s’abat sur moi..

Sa maman mesure ma peine, et m’explique les yeux dans les yeux qu’elle a ici un petit ami qui….ect…

Je suis prêt à repartir immédiatement ! Montrant là une fierté improvisée et digne…

Mais on me retiens bien évidemment.. Me dit que ça serai bien stupide, que vous autres français êtes réellement des gens pas comme les autre hein !

Et oui madame, nous ne plaisantons point avec l’amour nous autres !

Elles me somme de rester quelques jour ; je dormirai là sur le canapé..

Parmi toutes les anecdotes plus ou moins claires qui me viennent, l’une surgit à cet instant : J’écoutais religieusement les radios sur un poste, et découvrais une musique nouvelle et électrique..

Je me réfugiais inconsciemment vers cet indéfectible amour qui ne m’aura jamais trompé …

Julie m’amène chez ces copines, je vais de boom en boom, et découvre ahuri une jeunesse pour qui l’alcool est le plus fidèle compagnon, jamais rien vu de tel…Ils éclusaient des litres de whisky et de bière et s’adonnaient à des danses hystériques sur des musiques punk que je ne connaissais pas…Allant des Pistols au Jam , les mecs avaient tous des tenues très smart, arboraient leurs badges comme des signes orgueilleux d’une appartenance à un clan..

On me regardait là, assis, cherchant désespérément à nouer avec moi un contact pour briser mon silence boudeur…

Rien n’y faisait..Je me rendais compte au fur et à mesure que je m’étais bien trompé sur mes sentiments…Je me souviens de ce vacarme, de ces fêtes alors que je rentrais inexorablement en moi, et me murait lentement…

Je repartais le lendemain par le train de midi, mais en attendant, les voici maintenant à me pousser encore à les suivre !

- Allez Michel !! c’mon !!!

- Mais quoi ?
- You should come with us, you won’t regret !

- Pff…Allez, puisque vous insistez…

Si désabusé sincèrement, que je ne prenais pas même la peine de leur demander de qui il s’agissait, de quel groupe !

Nous arrivons en tout début d’après midi au Rainbow Theatre, scène mythique s’il en est à Londres , lieu incontournable de la scène rock..
L’endroit ressemble un peu à au Grand Rex Parisien, avec son plafond étoilé..

Je m’ennuie déjà…

La tête d’affiche que je ne connais pas plus que ça arrivera d’après ce que j’entends ver 20 h ; en attendant, quelques groupes en première partie vont défiler au nombre de deux si j’ai bonne mémoire…

Il est 15 ou 16 h..Un orchestre très cuivré, assez entrainant pourtant ne parvient pas à me faire lever..

Deuxième groupe après un break de près d’une heure..

Pas non plus enthousiasmé franchement…

Mais qu’est ce que je fout là sincèrement.. ?

La foule commence à s’épaissir vers 19 -20 h, je note de nombreux cranes rasés de près..

Ça commence à remuer, la foule grandi de plus en plus…

Je reste là à regarder les clans se former..

Le groupe quitte la scène sans grandes ovations..

Un nouveau break d’une heure …Les lumières restent allumés depuis le tout début..

La foule est de plus en plus compacte maintenant !

Quand soudain …

Les lumières s’éteignent subitement, et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les Specials débarquent sur scène tels une bande se faisant courser par une autre !!!


RRRH-RRRH-----RRRH-RRRH-RRRH -----RRRH-RRRH-- RRRH-RRH ------ RRH-RRRH !!!!!!



Les mecs entament l’intro de Concrete Jungle dans une ambiance de guerre civile..

HEINNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN ????????


Alors que j’étais à une trentaine de mètres de la scène, je me suis retrouver à 5 m du groupe, puis RETOUR 10 m derrière , 3 m à gauche, RE - 5 m DEVANT ! Et CA pendant plus d’une heure !

Je n’ai encore à ce jour strictement RIEN compris de ce qui c’est véritablement passé ce soir là..un groupe ?? NANNNNNNNNNNNNNNNNN , une ARMMMMMEEEE !!! des types montés sur ressort TOUT LE LONG DU CONCERT !!! Jamais rien vu depuis qui m’ai fais cet effet là…

Deux blacks dans ce groupe s’occupent à monter et descendre des enceintes, et remontent, et REDESCENDENT , c’est pas possible…ces mecs tournent à je ne sais pas quoi, mais c’est du lourd…
Ca joue comme un seul homme, c’est absolument incroyable, mieux qu’un spectacle, une véritable attraction, la scène est INVESTIE de PARTOUT, ça sue ça SUINTE déjà , c’est une folie pure et simple, une FURIE de cuivre, de guitare, de beat syncopés , Terry Hall est à son summum, il semble avoir la seule et unique clé pour déverrouiller tout les corps, il a un charisme extraordinaire, une ivresse, une exaltation sans pareil , une communication totalement bouillonnante…

Tout y passe à la moulinette, tous leurs tubes, sans AUCUNS TEMPS MORT !

Je manque de me faire piétiner alors qu’on me sauve la vie en me relevant…Des types slamment , j’aperçois des corps portés à bout de bras, JAMAIS je n’avais vu CA ! Tombez à terre, et je vous garantie un séjour à l’hosto d’une semaine minimum, j’ai sans doute échappé à un truc ce soir là miraculeusement..

Le groupe quitte la scène , laissant une foule encore frénétique..

A la sorti, les Bobbies donnent du gourdin sans réfléchir, une image gravée elle aussi, les gars sortaient et se prenaient un coup comme dans les films ! « KLONG » !

Hallucinant , vraiment..Les bandes se bastonnaient encore à l’extérieur, tellement excités qu’ils étaient..

……………

Trois mois plus tard, je suis sur une plage à ST Mandrier avec mon pote Patrick..

Une serviette, la crème bronzante, et le dernier Rock & Folk ..

J’ouvre les premières pages, et va directement comme à l’habitude à la rubrique « Faits divers Royaume uni »

Stupeur !

Parmi les faits relatant le dernier Jam, ou les méfaits d’un rockeur ayant encore tout broyer dans un hôtel, je lis ceci..

Les Specials se séparent après une série de concert mythique au Rainbow Theatre…

C’était donc ça…

Une vraie chance de cocu !

Rédigé par Michel Guinand le Mardi 20 Septembre 2011 à 16:08 | 1 commentaire Notez | 1 commentaire


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