A P-Funk Story Part. 2 - The Atomic Dog Strikes Back

Lundi 20 Mars 2006

Si vous avez manqué le début…
Parti de l’arrière boutique de son salon de coiffure, Clinton a bâti en une dizaine d’années une galaxie musicale dont les figures de proue, le déjanté Funkadelic et le groovissime Parliament, se sont élevées au rang de mythiques. Compositeur, auteur, arrangeur, producteur et grand ordonnateur de ce génial foutoir qui domine désormais le Funk mondial (James Brown a fait son temps et peine à remonter la pente…), il va pourtant, comme nombre des artistes majeurs des 70’s, avoir maille à partir avec les années 80…


HERE COMES GEORGE !

LARDOISE
LARDOISE
L’empire P-Funk commence à vaciller. Tout devient n’importe quoi : les abus de substances lessivent les troupes, l’ambiance se détériore (prévu une semaine à l’Apollo en 1981, le groupe joue quasiment seul, Clinton n’apparaissant qu’occasionnellement), le dernier concert qui se tient à Detroit après la sortie de Electric Spanking n’offre qu’une maigre pension de 20$ aux participants, les différents contrats signés sur différents labels (Warner, Casablanca, Atlantic…) au nom de ses différents groupes et productions s’avèrent être une véritable usine à gaz… Personne ne s’y retrouve, personne n’y comprend plus rien et l’ami George est dans l’obligation de s’en expliquer à la fois devant les maisons de disques et devant ses side men (et women). Emprunt à des querelles (financières surtout) avec ses comparses qui quittent tous plus ou moins le navire, Clinton trouve néanmoins une terre d’asile chez Capitol où il entame une carrière solo qui démarre en trombe avec Computer Games en 1982. Malgré le naufrage du bâtiment P., plusieurs fidèles sont du voyage. Brailey embarqué dans l’aventure Mutiny (cf parte ouane), les baguettes sont confiées à Denis Chambers, énorme et imposant batteur qui plus tard sévira sur quelques albums de jazz affublé d’un magnifique chapeau de pizzaïolo. Le vieux guerrier mêle ses ancestrales recettes aux sonorités et technologies de son époque. En ressort un album qui va faire grand bruit tant artistiquement que commercialement, Clinton prouve qu’il peut avancer à visage découvert n’ayant nul besoin de se cacher derrière une de ses créations. C’est sur Computer Games que l’on retrouve Atomic Dog, peut-être le titre le plus samplé au monde (en compétition avec Funky Drummer de James Brown), mais le meilleur n’est pas là. Lorsque Atomic Dog sort en single, Michaël Jackson squatte la première place des charts avec Billie Jean. Six semaines durant, il va sentir dans sa nuque le souffle chaud et alcoolisé d’un Clinton qui lui colle le train. Six semaines n° 2 des ventes de singles qui vont finir par payer puisque Jackson le jeunot se fera ravir sa place de tête par un vétéran que l’on croyait cuit, dont on prédisait la fin et qui revient en force se payant d’aller mettre une fessée à la star du moment ! (respect my man GC, you’re my nigger for life). Il est toujours de la partie mais, finalement, en a t-il déjà été exclu ?

En 1983, Urban Dance Floor Guerilla poursuit sur cette lancée. Clinton est en forme, les nouvelles technologies semblent lui donner un bon coup de fouet créatif à tel point que les guitares et les cuivres résonnent à nouveau aux côtés des boîtes à rythmes et autres bidouillages électroniques. Retour à la case nébuleuse, cet album voit le jour sous le nom de P-Funk All Stars (PFAS). On ne change cependant pas une équipe qui gagne, sous cette appellation se cache en fait la majeure partie des différents line-up de Funkadelic-Parliament : Eddie Hazel, Mallia Franklin, Lynn Mabry et Dawn Silva (Brides in da house !!), Clip Payne, Fred et Maceo, Bootsy, Michaël Hampton…Après le coup de main donné sur Electric Spanking Of War Babies (Funk Get Stronger II, super titre), Sly Stone se joint au George Clinton’s Circus (ces 2 là se feront pincer plus tard en train de se défoncer dans une voiture comme 2 adolescents honteux). Succès aidant, et ne perdant pas ses bonnes habitudes, Tonton George traverse une mauvaise passe entre drogues à tout va et bouteilles. A partir de là, les albums qui suivront n’auront plus l’homogénéité et la cohérence des précédents, il faudra s’y faire.



THE BIG VOID

Suivent 3 albums sur lesquels il faut directement mettre un avertissement : l’allergie aux années 80 empêchera tout discernement quant à la qualité des productions. Exception faite de Computer Games, la période Capitol-80 est celle qui passe le moins bien l’épreuve du temps. Constatation applicable à, à peu prés, tous les artistes dont la carrière s’étant sur plusieurs décennies…


1984 avec You Shouldn’t Nuf But Fish, réalisé avec les, pour ainsi dire, même membres de la P. Funk Mob. Ca ne casse pas des briques. Album court qui nous offre un titre aux forts relents de The Message de Grand Master Flash. Le reste…

1985 : Les affaires reprennent ! Tout d’abord pour son compte personnel avec Some Of My Best Jokes Are Friends…rien de nouveau sous le saphir…et pour celui des
Red Hot Chili Peppers pour lesquels il produit Freaky Styley, amenant dans son cartable Fred et Maceo pour cet album considéré comme une des fondations du hip-hop-funk-rock-punk-et-plein-d’autres-trucs plus communément appelé fusion.

1986. R&B Skeletons in The Closet. On parle R&B au sens Rythm N’ Blues, celui des années 50-60, pas de ce truc infect et surproduit distillé par des beaux gosses souffrant le martyr parce que leur gonzesse ne répond pas au téléphone, ni de ces bimbos habillées avec un mouchoir qui sont au bord de la mort juste parce que leur meilleure copine a acheter la jupe dont elles rêvaient. Rien de tout ça certes, mais le niveau est clairement en chute libre sur cet album bourré d’horripilants gimmicks 80’s (l’arrangement de guitare You’re Under Arrest…know what I mean ?). La pochette est pourtant très réussie avec ce dessin d’un Clinton tout jeunot échappé de l’époque de The Parliaments, digne d’une pub pour la gomina ; on ne peut malheureusement pas en dire autant du contenu. Il serait clairement temps de sortir de tous ces synthés et de faire rentrer un peu de vie dans la musique !

LARDOISE
LARDOISE
Et les autres pendant ce temps là ? Les autres ?…Bernie Worrell ressort en 1981 des titres qu’il avait maquetté en 1979 avec le batteur Tyrone Lampkin en parallèle de Funkadelic / Parliament. Sorte de side-project, rien de très officiel. Un genre de grosse grooverie avec pour seul et unique dessein de faire danser. Kevin Goins, autre gratteux de Parliament et accessoirement frère du légendaire Glen est aussi dans le coup ainsi qu’un certain Nairobi Saicat. Ces lost-tapes du P-Funk sortent sous le nom de Space Cadets, les arrangement y sont parfois très 80 mais rien de forcément désagréable. Y figure d’ailleurs un titre composé par Glen Goins et nommé ici I Love What You’re Doin’ To Me, titre dont on retrouve une partie sur Invasion Of The Booty Snatchers de Parlet, toujours écrit par Glen mais produit cette fois par Clinton et intitulé Don’t ever stop.

BUSINESS AS USUAL

Les rapports de Georgie (permettez moi cette familiarité) avec le business musical ont toujours donné naissance à des imbroglios pour ne pas dire des embrouilles incompréhensibles et inextricables. Il quitte donc Capitol, lieu de sa renaissance canine, et s’en va rejoindre Roger Nelson aka Prince aka Love Symbol aka The Artist aka etc. qui l’accueille comme il se doit sur sa structure Paisley Park sur laquelle il sort en 1988 The Cinderella Theory accompagné seulement de 2 P-Funkers historiques : Gary Shider (qui n’en peut plus de ne plus entendre « l’avion dans la musique ») et l’indéfectible Bootsy.
L’ombre du Nain Pourpre plane sur plusieurs titres. Cette collaboration entre Clinton et son héritier le plus direct renvoie parfois à des senteurs très Black Album, opus qui fût un temps le collector ultime de tout bon Prince-addict et sur lequel il a œuvré dans l’ombre. Amp Fiddler, futur chanteur de ces dames classé Nu –Soul co-écrit une grande partie des morceaux, on retrouve donc encore pas mal de synthés… Malgré la faiblesse de certains titres, The Cinderella Theory mérite d’être possédé ne serait ce que pour le terriblement funk et moite à mort Goin’ On et cette reprise hallucinante à la basse assassine de Banana Song. Le reste est inégal, notons au passage un featuring de Chuck D. et Flavor « yeaaah boyyyy » Flav les rebelles sans pause de Public Enemy.

Sur sa lancée, Clinton produit en 1989 sans nul doute le truc le plus infect de sa pourtant longue et prolifique carrière : Our Gang Funky. Tu veux des synthés, des boîtes à rythmes atroces et des arrangements à passer par les armes le responsable ? Ben fonce ce EP est pour toi ! Le P-Funker hardcore le possédera malgré tout, histoire d’avoir la complète, pour les autres, mieux vaut garder ses euros pour des nobles causes (Standing On The Verge ou Mothership Connection par exemple).
A la même époque James sort I’m Real son meilleur album depuis (trop) longtemps, Eh Sly ! t’es où ?!

1992, l’étendard du P est mis en berne. Eddie « Maggot Brain » Hazel range sa guitare pour toujours. C’est une partie entière de Funkadelic qui disparaît. Un feeling de motherfucker, 10 guitaristes de funk dans le bras droit et 10 de rock dans le bras gauche, Eddie Hazel a marqué les premiers Funkadelic de son génie débridé qui mêlait harmonies et riffs de malades, soli furieux et plaintes déchirantes. Maggot Brain, Standing On The Verge : 2 albums sur lesquels Eddie aura laissé la trace rougeoyante de ses cordes. L’année suivante, Billy « Bass » Nelson, lui dédiera son album solo, des groupes comme Big Chief en feront autant. Real niggerz don’t die comme dirait Eazy-E

A suivre...


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