Interview - Adrian Younge (Black Dynamite BO)

Samedi 24 Juillet 2010

Peux-tu s’il te plait te présenter à nos lecteurs et nous parler un peu de ton background musical ?

Je m’appelle Adrian Younge. Je suis le monteur et le compositeur du long métrage « Black Dynamite ». Il s’agit de ma première B.O, en tous cas de manière officielle. Au cours des 12 dernières années, j’ai joué de plusieurs instruments. Je possède un studio d’enregistrement analogique complet dont je me suis servi pour réaliser la musique de « Black Dynamite ».


Te décris-tu comme un fan de Blaxploitation? Si la réponse est oui, est-ce que tu es un fan du genre « de la première heure » ?

Je suis réellement un fan de la première heure. J’ai toujours adoré la Blaxploitation car je suis un historien, passionné par l’histoire noire américaine. Ces films fournissent une idée de ce que pouvaient être les perspectives et les préoccupations des noirs à l’époque. J’admets que certains de ces films peuvent être ennuyeux, mais il y a toujours quelque chose de bon à tirer de chacun d’eux.

Pourrais-tu nous expliquer brièvement comment tu as été amené à travailler sur Black Dynamite et comment as-tu envisagé ta collaboration avec les autres personnes impliquées sur le projet ?

Scott Sanders (un ami de longue date et collègue DJ) m’a demandé si je serais éventuellement intéressé pour travailler sur un film blaxploitation avec Michael Jai White. On s’est donc rencontré. Dans la foulée, nous avons créé un fausse bande annonce blaxploitation et, quelques mois plus tard, on commençait à récolter des fonds pour réaliser le film. L’expérience fût incroyable. J’ai rencontré des gens extraordinaires comme Tommy Davidson, Arsenio Hall, Cedric Yardbrough, etc. On s’est vraiment amusé et la production m’a fait totalement confiance quant à ma vision musicale pour le film. Et puis, j’ai eu l’occasion d’enregistrer avec Tommy Davidson pour la B.O. Incroyable !
Interview - Adrian Younge (Black Dynamite BO)

Interview - Adrian Younge (Black Dynamite BO)

Quand tu composais la B.O, quelles étaient tes réflexions, tes pensées ? Que cherchais-tu à atteindre avec ta musique et penses-tu avoir rempli les objectifs que tu t’étais fixé ?

Mon but était littéralement de créer l’une des meilleures B.O qui puisse exister. Les musiques de film sont mon genre musical favori. J’ai étudié ces albums pendant des années et j’ai toujours aspiré à pouvoir en faire une moi-même. Je ne suis pas certain d’avoir atteint mon but mais je suis définitivement fier de mes efforts et de la passion que j’ai mise à créer cette œuvre d’art. La B.O est un concept album : le concept engage mon interprétation contemporaine d’un art oublié depuis longtemps : la Dark Soul. J’adore la Dark Soul – des orgues inquiétants, des cuivres, des batteries puissantes, des grosses voix mélancoliques, etc. On n’entend plus ça aujourd’hui et je souhaitais vraiment ramener ce son. Je voulais faire un album que les producteurs de Hip Hop pourraient sampler. Ils adorent déjà sampler le meilleur de la Dark Soul. J’ai donc essayé de créer une B.O qui pourrait satisfaire ce besoin et par la même occasion les amoureux de la Dark Soul d’époque.


Quelles étaient tes influences pour composer la musique de Black Dynamite ?

Je me suis inspiré de Curtis Mayfield, d’Isaac Hayes, d’Ennio Morricone, des Jackson 5, et de beaucoup d’autres artistes éminents. J’ai aussi été quelque peu influencé par la musique plus contemporaine comme celle du Wu-Tang Clan et de J-Dilla.
Le Hip Hop m’inspire car il se concentre sur le break et isole la partie la plus nerveuse d’un vieux titre. Grâce au sample, le Hip Hop génère de nouveaux morceaux avec la reprise de quelques boucles. Je voulais faire ce genre de musique, basée sur des breaks, donc j’ai puisé mon inspiration chez tous ces créateurs qui sont parvenus à sculpter une perspective musicale grâce à la manière dont un break devait être construit. Par ailleurs, j’ai eu une autre source d’inspiration – le magazine Wax Poetics. Ce magazine propose des articles qu’un gars comme moi n’aura jamais. Je veux dire des articles qui discutent en profondeur des perspectives nouvelles que peuvent nous offrir les producteurs et les artistes d’un vieux disque, de tous ces talents du passé qui ont posé les fondations et nourri mon travail dans la création de cette B.O. J’ai littéralement utilisé des articles de Wax Poetics pour ajuster mes points de vue techniques sur l’enregistrement et pour améliorer ma compréhension de l’esprit des artistes soul d’antan.

Lors de la création de la B.O de ce film, as-tu ressenti le moment où « tout collait » enfin ? Est-ce que tu as pu dire à un moment que tu avais rendu justice, que tu avais atteint ce que tu cherchais musicalement pour cette B.O ?

Ce moment s’est produit quand j’ai effectivement entendu l’album entier de début à la fin. L’enregistrement de l’album s’est déroulé sur une durée de trois ans. Je ne me suis jamais réellement assis pour écouter l’album intégral avant le mastering. Quand je l’ai entendu de bout en bout, j’ai été sacrément étonné d’avoir terminé cette œuvre d’art. Plus tard, ma satisfaction s’est confirmée lorsque le label et le magazine Wax Poetics m’ont informé de la manière dont ils avaient été impressionnés par mes efforts. C’est très important pour moi car j’ai un grand respect pour ce magazine, pour son intelligence et sa connaissance historique de la musique qui, je le répète, m’a réellement inspiré dans la création de cette B.O.


Pourrais-tu donner aux lecteurs de BlaxTube un moment précis dans le film où tu as su que tu étais sur la bonne voie musicalement?

La scène d’obsèques où Jimmy meurt. Je faisais le montage la journée et j’enregistrais la nuit. Cette scène a été une des premières que j’ai montée. Ceci dit, ce fut aussi une des premières scènes que j’ai enregistrée. Je voulais capturer l’émotion du « Mamma’s Dead » de James Brown (sur la B.O de Black Ceasar) et le « If loving you is wrong » de Luther Ingram. Je pense y être bien arrivé.

As-tu vu la version finale de Black Dynamite? Si oui, que penses-tu du film ? De quelle manière penses-tu qu’il va être accueilli au box office ?

J’ai monté le film, donc j’ai effectivement vu la version finale du film plusieurs fois. Je suis très satisfait du résultat et je n’y changerais rien. Je n’ai aucune certitude par rapport au box office car il s’agit d’un film « de niche », très artistique et intelligent. Le grand public n’aime pas vraiment réfléchir.

Si tu penses que le film va avoir du succès, dans quelle mesure penses-tu que la B.O y contribue ? N’hésite pas à t’auto -complimenter ici.

Je suis vraiment humble mais je dirais que je suis fier de ce que j’ai apporté au film sur le plan musical. J’ai travaillé dur et beaucoup étudié. Pourtant, si le film est un succès, ce ne sera pas uniquement grâce à la musique. Comment pourrions-nous oublier le travail des acteurs, la mise en scène de Scott Sanders, les costumes, la production et simplement l’attention à chaque détail que l’équipe de Black Dynamite a apporté. Ma musique est simplement un élément d’une plus grande œuvre d’art.


Merci pour cette première interview de BlaxTube avec une personne bientôt très célèbre (et j’espère très riche). Comment ça s’est passé? Est-ce que ça a été assez « blax » pour toi ?

J’ai adoré l’expérience et merci d’être venu me trouver. Je suis honoré. J’espère que ce film et la musique vont marcher. Nous avons tous travaillé dur et c’est bon de voir que des gens apprécient notre travail. Certains disent que ce sera un film culte, d’autres que la B.O va être suivie de près. Seul le temps nous le dira.

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Interview publiée avec l'aimable autorisation de Davetta Lashley for BlaxTube.com



M35 - Traduction et correction par Julien Minarro et Lucie R


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