Disquaire indépendant depuis 1996 situé au 40, rue des fontaines, 60600 Clermont de l'oise

Pour ma part , j’aborde systématiquement l’idée de livrer un commentaire sur un album d’une façon tellement solennelle que dès les premières lignes, il me semble ne plus pouvoir reculer.
Un peu comme si vous deviez vous arreter en pleine conversation, alors que l’on vous écoute attentivement en train de décrire quelques images d’un passé lointain.
Car mes choix se portent toujours sur des œuvres avec lesquelles j’ai une affinité très particulière. Des albums auprès desquels je garde encore un rapport si personnel qu’il me semble, lorsque j’en parle, décrire ma conception de la beauté, de la justesse, et du divin.
Je n’ai jamais crains de parler d’un disque comme certains d’une peinture, d’un réalisateur, ou d’un écrivain.
J’irai indéfiniment, sans inhibitions aucunes, pour sublimer ce qui doit l’etre , comme d’autres l’on fait pour dire tout leur amour pour Chopin ou Vélasquez .

Je suis habité ce soir par le sentiment de révérence auquel je tiens tant pour vous dire tout l’amour que j’ai pour une œuvre que je n’hésiterai pas à qualifier de capitale

Il existe, dans l’univers extrèmement vaste de la musique des œuvres exceptionnelles qui porteront à jamais en elles tout l’enthousiasme et l’énergie de leurs auteurs, tout le lyrisme et l’incandescence, mais à ce seuil de souffrance exprimée à ce point personnelle je n’en connaîs qu’une :
« Here, my dear » de Marvin Gaye

Devoir glaner ça et là les anecdotes qui aujourd’hui sont toutes aussi vérifiables les unes des autres pour faire une juste lumière sur cette œuvre ne m’intéresse pas, je n’ai aucune prétention d’ordre journalistique, et je ne chercherai pas non plus à rétablir quelconque vérité.

Il s’agit de l’histoire d’un couple, et chacun de nous sait que l’on n’a aucun droit d’en interpréter les agitations
C’est ici justement que Marvin franchi pour la toute première fois dans l’histoire de la musique le seuil jamais outrepassé.
Ce disque défiera à jamais le temps, car y exprimer ouvertement sa vision personnelle quand à la raison de son divorce tend, non pas à s’en disculper totalement, mais plutot d’en narrer les sombres étapes jusqu’à le confiner dans l’idée que chacun l’interpretera à ça façon.

Marvin sais que son œuvre sera écoutée, chroniquée par certains journalistes à sa sortie, leur faisant se poser peut etre la question du camp à choisir. Celui de l’artiste distribué par la gigantesque Tamla Motown ?, au risque de verser dans une critique trop indulgente à son égard ?

Certaines plumes ont probablement préférées se taire, plutot que de donner une opinion suggestive…

Ou peut etre qu’il leur a été facile de conserver un regard détaché, en ne focalisant pas sur sa conception, mais en se justifiant plutot par la grandeur des compositions .

L’album ouvre avec le titre qui donnera son nom à l’album ‘ Here my Dear ‘ qui est adressé à Anna Gordy, ‘je l’ai conçu pour toi, car tu me le demandais ‘, en 2.48mn , tout est dit, l’album lui est destiné…
Suivi immédiatement sans aucun blanc, par la deuxième perle d’un collier qui en comprendra quatorze : ‘ I met a little girl ‘qui trace en 4.58mn le trajet progressif qui va de leur rencontre au premiers soubresauts pour finir sur la question

« did you really think about the kind of love we had ,’ Magnifique chanson empreinte d’une réminiscence au tempo très lent.

« When did you stoped loving me, when did i stopped loving you ‘ qui sera reprise trois fois durant les quatres faces. Le titre est assez évocateur. Combien se reconnaîtront dans cette phrase, qui pourrait prétendre à l’amour éternel ?...

Une perle rouge, entre à vive allure en fin de face A : ‘ Anger ‘ 3.58 d’un funk en mid –tempo absolument fabuleux : ‘…Anger , destroy your soul…’ Oui, la colère, celle qu’il faille controler avant l’irréverssible.

Rangeons le premier disque afin de trouver la face B sur le deuxième disque…

‘Is that enough ‘ , pour moi l’un des plus beau titre de ce double album.
Marvin semble hurler tel un loup pris d’une douleur dans un piège qui sur le disque dure 7.42 mn. E-di-fiant constat d’un homme qui se pose la question de savoir dans quels retranchement lui demande –t –on d’aller…

Suit « Everybody needs love », au accent preacher, oui, tout le monde a effectivement un grand besoin d’amour, « … and the mountains , and the vallees, they need love… »

La face B se termine sur « Time to get it together » , il faudra du temps pour se reconstruire , beaucoup de temps…

Retournons le disque pour lasser place à cette brillante face C.

6.06 de bonheur avec « Sparrow » ou Marvin cherche l’oiseau dont le chant faisait jadis son bonheur et qui un jour a disparu…

Et vient ensuite cette chanson qui lui a dédié… « Anna ‘s song » bouleversante.

Reprise de « When did you stopped loving me... » en version instrumentale cette foi ci

Revenons au premier disque pour en découvrir la dernière face, avec le morceau le plus funky « A funky space reincarnation » qui sera le plus dansant de tous , un funk sur orbite de 8.12 mn suivi du titre très évocateur « You can leave , but it’s going to cost you » ou tout est dit…

Une des plus belle ballades ensuite , avec » I’m falling in love again » : Marvin a retrouver l’amour, et la paix avec lui-meme…

Cloture du disque avec la derniere reprise de « When did you stopped loving me.. » en 0.40 mn

Quatorze chansons qui semblent etre le dernier moyen d’expression pour un homme qui n’aurait certainement jamais imaginer en arriver là pour se faire comprendre

Procurez vous la version qui vous plaira, la version « Deluxe » est depuis peu incontournable, mais inutile de vous préciser ici quelle est celle que je vous conseille, elle n’existe qu’en pressage américain à ma connaissance, et la peinture de Michael Bryan est si belle en original…

Rédigé par Michel Guinand le Mardi 23 Mars 2010 à 17:39 | 0 commentaire Notez | 0 commentaire


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