Disquaire indépendant depuis 1996 situé au 40, rue des fontaines, 60600 Clermont de l'oise

Je suis sur que Charly va encore me demander ou suis-je allé hier au soir en regardant le tampon que j’ai sur la main droite..

Alors c’est selon l’endroit ; des fois, c’est un p’tit truc discret en couleur, mais là nan, des grosses grosses lettres en capitale bien baveuses…Je ne vais pas y échapper, c’est clair.

Ca lui fera des souvenirs pour plus tard, quand il se rappellera que son papa se barrait souvent pour aller voir des concerts sur Paris, rentrait très tard, et que c’était rarement lui qui l’emmenait à l’école ces lendemains là…

Je lui raconterai tout ça un de ces quatre..En détail d’ailleurs : comment on avait pic-niqué avant d’aller voir Clinton sur les bords du canal de l’Ourcq en 2009, comment je pleurais tout en dansant au New Morning devant le spectacle de Léon Ware, les concerts de Sharon Jones ou je fini toujours par monter sur la scène pour danser l’boogaloo avec elle..Enfin je parlerai du bon temps quoi !!

Ca sera tout aussi bon de lui raconter ce que j’ai vécu hier , comment il est possible de visiter plusieurs continents en plus d’une heure, la joie de voir un tel spectacle, des musiciens concentrés sur leur instruments, le mysticisme qui enveloppait la salle, comment mes jambes fatiguées bougeaient toute seules ..


Les musiciens arrivent sur la scène, en tenue orientales, les cuivres d’abord, entonnant un air continu en introduction…Suivis du reste de la troupe qui prend progressivement possession de leur instrument…

Oulalala…, le décors est planté..ça sent le truc très très inspiré déjà..

Voilà, l’intro se termine, et ils démarrent direct sur un plan éthiopien, archi carré, le clavier est un véritable sorcier qui semble dessiner des mouvements religieux avec ces doigts sur ce clavier d’une autre époque…Sur ce truc, il fait la basse, la guitare, le clavinet, le…mais qu’est ce que c’est qu’t’engin ????

Le morceau dure, on a pas l’habitude, il prend maintenant une allure afro, puis une autre latine, puis carrément jazz-funk, puis… mais qu’est ce que c’est ?????

Hein ??????? ? du free jazz !!!!, mais ils sont complètement hallucinants ces gars là !!!!, mais retenez moi !!!, on croirai que Mahmoud Ahmed est en trait de boeufer avec Don Cherry en 69 !!! Je regarde Anne Marie, elle n’y croie pas non plus !!, ça commence à gueuler dans la salle !, ils ont trouvé le point sensible, ils savent qu’avec la musique on peut tout se permettre tant que l’on fait ça bien, c’est totalement incroyable…

Alors le morceau se termine… on est tous bien prêt à applaudir, mais nan nan nan !! ils enchainent direct sur un autre titre sans blancs aucuns…. du délire…

Au bout de 15 mn, ils s’arrêtent, même pas fatigués.

Le saxophoniste, un français, s’approche maintenant du micro pour remercier nos acclamations, commentant le titre qu’ils viennent d’interpréter, et annonce une nouvelle « Suite » !, oui, vous avez bien lu , il ne font pas comme tout le monde ces gars là…ils jouent des « suites », c'est-à-dire, des titres qui s’étirent pendant un bon quart d’heure, vous faisant voyager vers quelques mystérieux horizons, et tout ça sans passeport !

Les morceaux sont admirablement joués, avec un proffessionalisme déroutant.. Quinze ans de scène concentrés ici devant nos yeux ébahis, rendant à César ce qui lui appartient de droit.
Immisçant dans leurs leur titre exotique des passages d’un funk totalement maitrisé, une perfection, sincèrement..
La deuxième « suite » touche çà sa fin..

Voici maintenant le temps de la suite appellée « Mixed « si je me souviens bien..

Hein ?????

A se taper la tête contre les murs…Ca commence toujours doucement avec eux..je commence seulement à comprendre…quelques notes sur ce clavier, quelques souffles sur les hanches, et puis-et puis- !!! BOUMMMM , un funk venu d’ailleurs, oui c’est ça..d’ailleurs..Intemporel, complètement acquis celui là, pas de similitude dans ce répertoire, ils sont définitivement les rois incontesté dans ce domaine…Et les danseurs ne s’y trompent pas cette fois ci, c’est du sérieux, du très très serieux.., et ça le restera jusqu’à la fin..

On a l’habitude de se dire à ce propos qu’elle arrive toujours trop tôt, mais là, c’est illégitime..
Une panne de courant , vraisemblablement due à une mauvaise manipulation de l’alarme a tout fait basculé, le show se terminera dans une évaporation totalement insensée, impensable au regard de la qualité du concert. Les musiciens n’auront pas même l’occasion de saluer les derniers applaudissements comme il se devait..
Une irrévérence faite à ce groupe qui a réussi à nous émerveiller de la sorte..

Nous étions tous sur le même bateau, un vrai rêve duquel cet incident nous a brutalement réveillé..
L’incompréhensible naufrage venu pour nous faire quitter l’embarcation précipitamment, et c’est penauds que les spectateurs sortent de cette maudite salle, avec un goût amer dans la gorge..


Je conserverai néanmoins le souvenir totalement intact de l’un des plus beaux, des plus colorés des concerts auxquels j’ai assisté jusqu’à ce jour, et je me langui déjà de les revoir un de ces soirs..

Ils reviendront, j’en suis plus que sur, ils sont inégalables dans ce style hybride au parfum afro-Jazz

Je regarde une fois de plus ce tampon sur ma main droite, il s’effacera dans les prochaines heures, mais avant, j’aurai eu l’immense plaisir de raconter à mon fils le merveilleux voyage auquel il m’a donné l’accès..

Rédigé par Michel Guinand le Jeudi 25 Mars 2010 à 09:38 | 0 commentaire Notez | 0 commentaire


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