Florent Mazzoleni - James Brown, l'Amérique noire, la soul et le funk

Mardi 6 Septembre 2005

Ecrire un livre sur le Godfather promet dès le départ de ne pas être une promenade de santé. Une carrière qui s’étend sur 50 ans (série en cours), des pelletées de titres dont une grande partie iront se river tout en haut des charts (118 singles classés entre avril 1956 et mars 1993 dont 18 n°1, qui ne connaît pas au moins un morceau de James Brown ?), un homme devenu un mythe de son vivant, adulé et respecté de ses pairs et du public. Il y en aurait tant à écrire sur le Soul Brother Number One. L’analyse de sa discographie complète (la sienne et ses productions) remplirait une bibliothèque, les coulisses de son travail compteraient en plusieurs volumes, ses déboires avec la justice pourrait tenir en haleine pendant 250 pages, son sens aiguisé du business et son « art » du management pourraient devenir le livre de chevet de tous les élèves d’école de commerce, quant à la place de James Brown dans la musique contemporaine (Soul, Funk, Rap…) l’histoire s’écrit encore…


Florent Mazzoleni - James Brown, l'Amérique noire, la soul et le funk
Presses de la Cité
Sorti le 30 juin 2005

Comment aborder la carrière d’un homme qui a traversé tant d’époques, excellé dans tant de styles (James a enregistré du Rythm n’ Blues, de la Soul, du Funk, du Jazz, des bizarreries Funk-Rock, du Rap, même de la disco et c’est une honte…) et étendu son influence de manière aussi large, sans se perdre dans un pavé de 1500 pages (que j’aurai acheté et dévoré avec autant de passion entre nous soit dit) ? En étant fan semble être le début de la réponse et nul doute que Florent Mazzoleni l’est.
Fan certes, mais fan objectif.

N’étant pas une biographie, le livre évite les écueils du genre à savoir les chapitres romancés ponctués de situations que l’auteur n’a pas vécu et agrémentés de conversations qu’il n’a pas non plus entendu. Il faut pourtant bien évoquer l’homme et, sur ce point, jamais James n’est décrit comme quelqu’un exemplaire : le côté tyrannique et terriblement requin (le coup des amendes mille fois raconté en long en large...) qui en font parfois un personnage détestable, ne sont pas obscurcis tout comme l’œuvre elle même qui est loin d’être encensée à longueur de pages (Message personnel à l’auteur : Reaganien est le terme que je cherchais depuis des années pour qualifier Living In America . Merci l’ami !). C’est aussi ce qui fait la valeur de la chose : reconnaître l’immense talent de cet homme, sa capacité de travail phénoménale, son apport et surtout la marque indélébile qu’il a déjà laissé, et laissera pour des siècles je l’espère, sans jamais tomber dans la facilité d’en faire quelqu’un de bien sous tous rapports au prétexte qu’il a fait une musique que l’on vénère. Il suffit de se reporter à l’épisode pas très glorieux de sa rupture avec Bobby Byrd ou encore son attitude avec la carrière de ses protégés pour en être convaincu… Ses protégés, justement, il en est largement question du fait qu’ils aient été produits par James lui-même mais aussi du fait que beaucoup d’entre eux ont composé des morceaux…sur lesquels leur patron s’est empressé d’apposer son nom ! Les affaires sont les affaires… (voir les interviews de Pee Wee Ellis et Lyn Collins)

Un des points forts du livre est de replacer sans cesse l’évolution de James et de son œuvre dans le contexte social, politique et, surtout, musical de l’époque n’oubliant jamais de s’étendre sur ceux qui à la même époque contribuèrent à la grandeur et au rayonnement de la musique Noire Américaine (on jurerait la fin de cette phrase extraite d’un discours de remise de Légion d’Honneur…). James est à l’honneur durant les 174 pages mais tout le monde participe à la fête en ayant un passage dédié pour les uns, plusieurs pages pour d’autres : Roy Brown, Little Willy John (Deux de ses principales influences), Ray Charles, Solomon Burke, Ike et Tina, Otis Redding, Clinton, Sly Stone, les Meters… La partie traitant des seventies se révélant particulièrement fascinante grâce à ce bouillonnement musical d’artistes noirs prônant la prise de conscience et introduisant une grosse dose de fond dans leur forme : Marvin Gaye , Curtis Mayfield et le trop souvent oublié mais néanmoins indispensable Gil Scott-Heron pour ne citer que ceux là. James a été numéro Un pendant de longues années mais sans cette féroce et talentueuse concurrence, aurait-il été le même ?

Le fait que tout cela soit garni d’une foultitude d’illustrations en rend la lecture encore plus agréable et surtout plus « parlante » : photos de concert et pochettes d’albums, reproductions d’affiches, le Godfather et toute la fine fleur de la scène Noire Américaine y sont montrés dans toutes les postures (Gilles Pétard et Wonder B. n’ayant, semble t-il, pas voulu lâcher leur fameuse collection de photos dites « In Bed With James Brown »).

Le fan hardcore y trouvera plus que son compte au milieu de toutes ces anecdotes parfois incroyables (pour enregistrer son mythique Live At The Apollo , James loua la non moins mythique salle pendant une semaine et y donna pas moins de…20 concerts dont 4 le dimanche ! Solomon Burke fut banni de cette même salle pour des raisons que je laisse aux lecteurs le soin de découvrir etc, etc), le néophyte pour qui James ne se résume qu’à un cri primitif et suant ne restera pas insensible au tracé de ce petit noir illettré né dans une cabane aux fonds des bois du Sud profond et qui de son début avec les Famous Flames, en passant par son révolutionnaire Papa’s Got A Brand New Bag s’est élevé jusqu’au rang de Dieu vivant (ça y est je suis parti…)

Africa Bambataa dit de James qu’il n’a usurpé aucun de ses surnoms de Soul Brother Number One à Music Box , de The Hardest Working Man In Show Business à Prime Minister Of Super Heavy Funk en passant par Mr Dynamite et, bien sur, The Godfather Of Soul ce livre démontre qu’en plus, il n’a pas usurpé le trône sur lequel il est assis depuis un demi-siècle.
He’s the one.

En savoir plus :

LIENS

Site Officiel de James Brown
Funky Stuff Super site avec forum consacré à l'univers JB
[Wikipedia]url: http://en.wikipedia.org/wiki/James_Brown

Maceo Parker
Fred Wesley
Martha High
Marva Whitney
Pee Wee Ellis
Clyde Stubberfield & Jabo Starks



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