Interview - Ed Motta : Soul & Funk brésilien

Lundi 27 Décembre 2004

Entrevue avec Ed Motta, 2 décembre 2003

C’est en plein mois de décembre que Ed Motta est attendu pour son concert parisien, presque 10 ans qu’il n’était pas revenu nous voir.
Rendez-vous est pris dans un bar plutôt branché de Bastille. Ed Motta est là, tout souriant et encadré par le staff du label. Il plaisante et commande une « Blanche de Bruges » dont il fait chanter les consonnes, la bière belge étant la nouvelle lubie de ce fin critique gastronomique. Nous nous installons, je commence par un « bom dia » mais les milliers de kilomètres qui séparent Rio de Lisbonne ont rendu son portugais incompréhensible à mes oreilles européennes. L’interview se fera en anglais. Vamos la.


Universal qui était ton premier label t’a permis de rompre votre contrat pour signer chez Trama : pourquoi être allé sur un label indépendant ?

Interview - Ed Motta : Soul & Funk brésilien
Je suis parti sur un label indépendant car j’avais besoin de quelquechose de nouveau même si j’avais beaucoup de liberté chez Universal. En plus de cela, il y a quelquechose de très intéressant en Europe : les indépendants ont plus confiance dans la musique brésilienne que les grosses majors.

Ton nouvel album, Poptical, est dédicacé à Bluey du groupe Incongnito, pourquoi ?

L’année dernière à Londres, j’étais dans son studio et nous avons écrit deux chansons ensemble, il a toujours été très gentil avec moi. J’ai toujours beaucoup écouté Incognito ainsi que Freeze , Light of the World et Warriors , ses groupes précédents. Je suis un grand fan, pour moi, c’est le Maurice White anglais.

Pourquoi es tu parti aux Etats Unis en 1994 ?

Je suis parti étudié avec Paul Griffin , le pianiste du groupe Steely Dan , c’était un cours d’écriture de musique de films.
J’ai aussi enregistré un album qui n’est jamais sorti et auquel ont participé Eddie Gomez et Bernard Purdie et bien d’autres grands jazzmen de session.

Et pourquoi cet album n’est-il jamais sorti ?

A cause d’une dispute avec un label Européen.

C'était un album de jazz ?

Disons qu’il était très inspiré. Je ne peux pas catégoriser ma musique car j’aime aussi bien Earth, Wind and Fire , Frank Zappa , Stravinsky , du folk, du blues... ou du fado !

Dwitza est considéré comme un album de jazz expérimental. Poptical est complètement différent. Que voulais-tu faire?

Il y a quelquechose de cynique à faire un album totalement vocal juste après un album instrumental. Mais c’était juste que je voulais faire un album où toutes les chansons auraient des paroles.

Est-ce que tu voulais prouver quelquechose avec Dwitza ?

Non ! J’essaye de prouver quelque chose chaque jour dans ce que je fais, c’est quelque chose de normal chez moi.

Et le prochain album, tu sais déjà à quoi il ressemblera ? Du rock ?

Oui absolument. J’ai le titre, la pochette, toutes les chansons sont écrites et je travaille les arrangements en ce moment.

Comment t’es-tu retrouvé sur scène avec Roy Ayers (en 1996 à New York) ?

J’ai fait la première partie pour ce concert, tout simplement.
J’ai beaucoup écouté sa musique quand j’étais plus jeune. Ce fut un moment merveilleux. Il a été si gentil, je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’il m’invite à venir sur scène avec lui. C’était une surprise totale.

Quels sont les artistes funk et soul que tu apprécies le plus ?

Il y en a tellement...
Du côté soul : Leroy Hutson , Leon Ware , Ronnie Mc Neal , Willie Hutch , Bill Withers , Roy Lee Jones , Mighty Muray
Et du côté funk: j’aime Zapp , Parliament , Funkadelic , Breakwater , Dayton , D train , Rasputine’Stash chez Curtom.
Tellement de chose, vraiment : le son Philadelphia, Stax, le label sud américain Cat et même des groupes européens comme les hollandais Reality , si rare à trouver et si stupidement cher sur e-bay, une centaine de dollars.
Et Cortex aussi, le groupe français.


Tu as les originaux ? (Mon côté Dr Jekyll reprend le dessus, adieu rigueur journalistique)

Non malheureusement, mais j’ai les deux albums de Cortex sortis chez Dare Dare (ndlr : RIP).


Tu as organisé un week end Funk dans un musée de Rio de Janeiro. Reste-t-il encore une scène importante après le mouvement Black Rio des années 70’s ?

Oui, même après black rio, il y a de nombreux groupes, club, etc. C’est vraiment entré dans la culture.

Peux-tu nous conseiller certains groupes ?

Heu.. Je ne suis pas très excité par la musique d’aujourd’hui. Pas seulement au Brésil mais dans le reste du monde aussi. La musique d’aujourd’hui est si froide, si maniérée. Je ne sais pas comment exprimer cela, elle paraît “vraie”, mais elle ne l’est pas. Elle n’a pas de technique, pas de culture, pas d’intelligence. Je n’aime pas.

Tu es déjà venu jouer à Paris, as-tu pu rencontré des musiciens français ?

En effet, je suis déjà venu deux fois en concert, dont un qui est sorti en live il y a deux ans : “ Live at the Châtelet ”, enregistré en 1993 et contenant 6 bonus. J’ai aussi joué au Hot Brass.
Je n’ai rencontré personne mais j’aurais vraiment aimé connaître Michel Colombier , Claude Nougaro , Alain Mion de Cortex, Jean-Jacques Perrey . J’ai pu rencontrer Michel Legrand qui est un de mes musiciens préféres mais au Brésil.

Tout le monde te parle toujours de ton fameux oncle Tim Maia, ça te dérange si je te pose la question ?

En Europe c’est marrant de parler de lui mais au Brésil j’en ai marre qu’on me parle de lui. Il a été un personnage très important pour la scène soul/funk. Il est sûrement l’un des premiers à avoir fait du funk au Brésil. Ce “raw funk”, si semblable au son de ces 45t sortis sur d’obscurs labels indépendants, au Texas, à Detroit. Très difficiles à trouver comme par exemple Ruby Andrews .


Tu collectionnes les 7” aussi ?

Non. Pourtant j’ai plus de 30 000 disques mais je préfère les 10”. J’ai quelques disques français comme Dalida, Claude Nougaro dans ce format là.

Parlons disques toujours, es-tu ce qu’on appelle un “crate digger” ?

Oh que oui, je suis complément fou, malade, je suis un “e-bay freaky”, ma carte bleu est en sang à cause d’e-bay. Paypal, money order... Je connais bien tout ça ! (rires)


Tu as une émission de radio sur ton site, peux-tu nous donner quelques conseils d’écoute ?

Earth Wind & Fire All’n’all
Leroy Huston II
Donny Hathaway Extension of a man
Gil Scott Heron From North Carolina to South Africa
Pleasure Dust yourself off


En savoir plus :

Interview - Ed Motta : Soul & Funk brésilien
LIENS
www.edmotta.com Site officiel

CHRONIQUES

Aystelum lire 2006
Poptical Lire 2005
Dwitza Lire 2002

CONCERT

Photos du concert parisien Voir

Merci à Slurg de Ping Pong pour la rencontre & Catwoman pour la relecture
edmotta2.mp3 Dedicace weGOfunk par Ed Motta  (374.08 Ko)



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