DEODATO : le Funk en ligne d’Eumir

Jeudi 8 Février 2007

De son odyssée jazz-funk chez CTI à son travail acharné de producteur pour Kool & The Gang, le pianiste Eumir Deodato a su marquer la musique noir-américaine de sa « brazilian touch ».


DEODATO : le Funk en ligne d’Eumir

Son enfance carioca

Eumir Deodato naît à Rio de Janeiro en 1943. C’est dans sa chambre qu’il vit, adolescent, ses premières expériences musicales à l’accordéon ; face à cet engouement, les parents du jeune Eumir l’envoient rapidement étudier le piano, l’orchestration et l’harmonie dans une école de musique.
En cette fin des années 50, la bossa-nova connaît ses premières années de gloire : Joao Gilberto, Antonio Carlos Jobim et Vinicius De Moraes sont au cœur de cette nouvelle vague en passe de révolutionner la musique brésilienne. Eumir, alors âgé de 16 ans, suit de près ce mouvement, et c’est naturellement qu’il se retrouve sur scène aux côtés de deux guitaristes légendaires : Roberto Menescal et Durval Ferreira. C’est à cette époque qu’il se fait la main en écrivant les premiers arrangements de Wilson Simonal et Marcos Valle.
A 21 ans, il grave son premier vinyle Inutil Paisagem et crée dans la foulée son groupe d’allumés : Os Catedraticos avec qui il enregistre trois albums. Il y mélange jazz et bossa-nova, s’inspirant des grands arrangeurs de jazz américain.

Deodato l'arrangeur

Tout en travaillant sur ses propres projets, Deodato continue d’arranger pour les plus grands artistes cariocas : Marcos Valle et Orlandivo entre autres.
C’est en 1967 qu’il trouve l’opportunité de partir à New York rejoindre le guitariste Luiz Bonfa. Il y rencontre le producteur Creed Taylor qui l’engage comme arrangeur de l’album Beach Samba d’Astrud Gilberto.
L’entente entre les deux hommes est excellente et c’est ainsi que le patron du label CTI lui confie de plus en plus d’arrangements. Deodato travaille alors pour les plus grands noms de la soul et de la bossa-nova : Tom Jobim, Walter Wanderley, Aretha Franklin (Let me in your life), Frank Sinatra (Sinatra & Co.), Tony Bennett et Roberta Flack (Killing Me Softly, Chapter et Quiet Fire). Il travaille également auprès des plus grands noms du jazz : Paul Desmond, Wes Montgomery, Ray Bryant et Stanley Turrentine.

Deodato l'orfèvre du Fender Rhodes

DEODATO : le Funk en ligne d’Eumir
C’est en cette fin de décennie 60 qu’Eumir découvre le piano électrique, en particulier le Fender Rhodes. Il en devient fan (il en détiendra jusqu’à 4 dans son appartement) et communique rapidement cette passion à ses compatriotes Marcos Valle, Joao Donato et Antonio Carlos Jobim (sur l’album Stone Flower en 1970).
Il revient au Brésil en 1972 pour graver Percepçao le disque de la transition entre la bossa-nova de son enfance et le jazz-funk contemporain : un album étrange et fascinant qui met en exergue ses talents d’arrangeur et compositeur, ainsi que ses goûts partagés entre Nova York et Rio.
Mais c’est réellement en 1973 qu’Eumir retrouve la boulimie créatrice de ses débuts : il enregistre en l’espace d’un an 5 albums magnifiques. Tout d’abord sur le label brésilien Equipe, avec son premier groupe Os Catedraticos. Puis l’album qui passe son statut de musicien à celui de pop star : Prelude et son audacieux arrangement d’Also Sprach Zarathustra de Richard Strauss (le thème original du film de Stanley Kubrick « 2001, A Space Odyssey »). Le succès est tel qu’il en vend 5 millions de copies. Il grave alors deux autres albums pour le compte de CTI : Deodato 2, la suite de Prélude et Deodato/Airto In Concert, issu d’un live au Madison Square Garden où il est accompagné de la dream-team du label.
Et comme si l’appétit musical du monsieur n’était pas rassasié, il rejoint son ami Joao Donato sur ce qui sera l’un des chefs-d’œuvre du jazz-funk : l’album Donato-Deodato sur le label new-yorkais Muse.
Commence alors en cette fin d’année 1973 une tournée de sept ans à travers le monde, entrecoupée de séjours dédiés à l’enregistrement d’albums estampillés jazz-funk : Whirlwinds en 1974 ; First Cuckoo en 1975 ; Very Together en 1976 contenant des interprétations des thèmes Peter Gunn et Star Trek ; Love Island en 1978 qui marque le début de sa collaboration avec les musiciens de Earth, Wind & Fire ; Knights Of Fantasy en 1979 ; Night-Cruiser en 1980 contenant une version de Mr Funky-Samba de Banda Black Rio avec des membres de Platinum Hook et Kool & The Gang.

Deodato le producteur

Sa rencontre à la fin des années 70 avec des groupes tels que Earth, Wind And Fire ou Kool & The Gang lui ouvre les portes du métier de Producteur. Après une demi-douzaine d’années sur les routes, Eumir Deodato voit là l’opportunité de se tourner vers un travail sédentaire de studio.
Il compose, arrange et produit pour les plus grands de cette nouvelle aire de la musique Soul et Funk : Earth, Wind & Fire, Michael Franks, Gwen Guthrie, Chuck Mangione, The Dazz Band, One Way, Con Funk Shun et Kool & The Gang. Pour ses derniers, Deodato devient l’artisan sonore des albums Celebration, Ladie's Night, Something Special et As One : autant dire qu’il est l’un des piliers du succès mondial de ce groupe légendaire.
Il produit en 1984 Beat Street Strut de Juicy, la bande originale du film Beat Street.
Dans les années 90, il travaille comme arrangeur pour Bjork (pour les albums Post , Telegram et Homogenic), Gal Costa et Carlinhos Brown, et collabore avec le groupe allemand Mardi-Gras BB.

Deodato accumule à son palmarès 16 disques de Platine et a participé à plus de 450 albums en tant qu’artiste, arrangeur et producteur.


Le saviez-vous?

En 1964, en l’espace d’une année, Eumir Deodato enregistra sous son nom et celui d’Os Catedraticos la somme vertigineuse de 7 albums.

En savoir plus :

LIENS

www.eumirdeodato.com Site officiel avec notamment quelques vidéos de son live au North Sea Jazz Festival

CONCERT

Eumir Deodato jouera le 15 Mars 2007 au New Morning à Paris



1.Posté par bruno le 16/02/2007 22:20 | Alerter
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Aah, entièrement d'accord avec toi pour Percepçao, un disque magnifique. Dans sa période Boogie Il a produit également Intimate Connection de Kleeer.

2.Posté par Diamant Noir le 13/01/2008 13:50 | Alerter
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Complètement ivre de la touche Deodato, dont un album : Motion en 1984 qui est une pépite (et je parle pas de sa période latin-jazz avec les 2 bombes, "Super Strut" et "latin flute" dont je reviens toujours pas ! un bonheur d'écoute ..

3.Posté par hakim de st maur le 29/01/2008 02:10 | Alerter
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Deodato est un maitre absolu du jazz funk. Je suis allé le voire au new morning en mars 2007 et c'était un super concert bien que la composition fut tres reduite : ils étaient 3;
Keep on moving est pour moi le plus morceau de funk qu'il puisse exister dans toute la musique soul funk, et je pese mes mots !!! Jusqu'à a la fin de mes jours je ne me lasserai jamais de l'ecouter !! Je souhaite de tout coeur que Deodato refasse un concert a paris avec une formation moins réduite et surtout qu'il n'oubli pas de ramener de dejenté et grandissime percussionniste de Gerald Velez qui un virtuose

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