Interview - The poets of Rhythm

Mardi 24 Février 2004

The POETS OF RHYTHM nous viennent de Münich, où ils ont déjà deux albums sous la ceinture et des tas de singles depuis leur formation il y a 10 ans environ. Considérés comme le premier et l’un des fleurons de la vague des groupes de funk revival, j’ai eu le plaisir de les rencontrer au Hi-Fi Club de Leeds en Février 2002…


L’album Discern/Define a été une des plus grosses ventes de 2001 en funk.. Tout d’abord pouvez vous nous dire comment s’est fait cet album et ensuite pourquoi il a mis tellement de temps à sortir ? Le premier, Practice What You Preach est il y 1

Interview - The poets of Rhythm
Poets Of Rhythm: On a fait pas mal de 45t sous d’autres noms entre temps… The Soul Saints Orchestra, The Pan Atlantics, New Process, Bus People Express et beaucoup d’autres projets annexes. On n’a pratiquement pas arrêté une minute...

Ecouter des extraits

Donc vous voulez dire que votre groupe est resté ensemble et n’a pas arrêté d’enregistrer ?

Le truc avec les albums c’est qu’on est entré en conflit avec la maison de disques tout de suite après le premier disque. Au départ on devait faire trois albums par contrat avec le label Soulciety, mais pour les deux albums suivants on a préféré abandonner nos droits sur les 45 tours. En fait nous ne voulions plus nous investir dans cette relation qui était déjà faussée. C’est ce qui nous a pris tout ce temps.

Alors comment êtes vous arrivés à ce deal avec Quannum/Ninja Tunes?

On a signé avec Quannum qui font partie de Ninja Tunes, donc on n’a pas vraiment de contact direct.
 

Votre 1er album, Practice What You Preach, est ressorti sous le titre, What Goes Around sur Shadow Records. J’ai lu un article sur le net suggérant que cette ressortie avait été faite sans votre consentement et que vous ne toucheriez aucune royautés

Interview - The poets of Rhythm
En fait c’est vrai parce que Soulciety possède toujours les droits du 1er disque donc ils gardent tout… Mais le contrat expire bientôt donc ils essaient de se sucrer avant que çà ne soit trop tard.

En écoute ici


 

Et donc à la fin de ce contrat vous récupérerez les droits?

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Oui, mais ils ne nous ont toujours pas payé pour un tas de choses que nous avons faites pour eux alors c’est encore autre chose, tu vois. C’est qu’après la tournure qu’ont pris les choses après le 1er LP nous ne voulions plus rien avoir à faire avec eux.
 

OK on ne va pas s’étendre sur les aspects négatifs, alors parlons un peu de la musique que vous faîtes en ce moment. Il semble bien qu’il y ait eu un grand changement d’orientation musicale depuis ce 1er album. Les 45t sortis entre temps nous per

Pour être créatif il faut constamment aller de l’avant, pour progresser musicalement. C’est une progression naturelle, on n’aurait pas pu jouer la même chose pendant 10 ans! Sinon on se serait barbé tu vois ce que je veux dire!

Au niveau des paroles aussi il y a eu un grand bond vers plus de spiritualité et une plus grande conscience dans vos disques. A vos débuts çà ressemblait plus à une approche du funk d’un point de vue du fun, avec beaucoup d’insouciance. Mais avec

En fait çà a toujours été là, mais on ne retranscrit pas forcément tout tout de suite. On a commencé par un certain type de funk qu’on a toujours aimé mais maintenant nous allons vers une évolution normale même si on garde nos bases. C’est juste une autre facette. C’est difficile d’être tout l’un ou tout l’autre… il y a toujours un côté politique à toute chose tu sais…

Spécialement quand les magnétos tournent!

Oui c’est cela, mais c’est juste un autre aspect qui apparaît à la surface.

Donc on peut dire qu’à vos débuts vous faisiez une musique plus commandée par la demande du public pour un son dirigé vers les dance floors?

Non pas du tout. Des trucs comme "Upper Class" le montrent bien. Ce développement a été graduel, de plus en plus d’idées derrière la musique.

Beaucoup de gens qui sont intéressés par votre musique et la scène DEEP FUNK comme on l’appelle vous considèrent un peu comme les Parrains de cette vague old school de funk analogique.

On a eu du pot de commencer à faire ce genre de musique il y a si longtemps déjà! On a été l’un des premiers groupes à faire ce genre de truc en Europe mais je pense que c’est la seule raison. C’est peut-être pour çà qu’ils nous appellent les pères fondateurs du rare groove européen!
 

Comment est-ce arrivé d’ailleurs? Pourquoi avez vous été les premiers à enregistrer et à jouer ce genre de truc ?

Difficile de répondre... Peut-être l’influence de copains de classe. Ce n’était pas un effort conscient de notre part de démarrer une révolution musicale. On aimait le son ‘live’ naturel et les vieux disques de funk, tout simplement.
 

Donc vous êtes ensemble depuis l’école?

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Pour le noyau dur du groupe c’est à dire The Whitefield brothers Jan, Max et moi même (Bo). Wolfie (Wolfgang) est avec nous depuis longtemps aussi, mais il a ses projets solo aussi. Notre clavier aussi a été un catalyseur dans cette évolution musicale.
 

Travaillez vous donc avec d’autres musiciens fréquemment ? Bien que beaucoup de gens pensent que pour garder une certaine cohésion musicale, un groupe doit resté uni, je vois que pour vous, d’après ce que je peux entendre, vous aimez absorber des

Travailler avec d’autres musiciens change votre façon de jouer, d’écouter, d’arranger. Ils amènent un autre feeling. Donc même si on a commencé comme un groupe classique çà n’a pas tardé à évoluer. Il y a eu des départs et des arrivées. Et puis comme on joue un type de musique très spécifique on ne pensait pas pouvoir trouver d’autres personnes qui pouvaient jouer ce que nous voulions… Mais nous nous ouvrons beaucoup et ces dernières années nous avons eu plusieurs personnes qui ont contribué à notre son. Comme par exemple l’influence évidente de notre clavier.

On était plutôt hardcore à nos débuts. On savait exactement quel genre de son nous voulions et je ne veux pas dire que nous étions étroit d’esprit, mais on ne s’écartait pas d’une formule qui est en train de changer petit à petit ces derniers temps. On a passé pas mal de temps en tournée avec un autre groupe de rock progressif nommé Embryo, un des tous premiers à aller se produire dans des coins comme le Maroc, l’Afghanistan ou l’Inde. Il y a pas mal de groupes comme eux en Europe que nous aimons bien…
 

J’aime bien sûr votre ‘vieux’ son mais tout le monde progresse avec une plus grande ouverture d’esprit et l’écoute de différentes musiques. Il y a beaucoup de groupes en Angleterre qui suivent dans vos traces. Pas seulement ce que vous avez f

Il y a un gros mouvement maintenant et certains sont vraiment très bons. Ils ont bien attrapé l’esprit.
 

Voyez-vous des similitudes entre la vague deep funk et la très critiquée scène acid jazz qui était à son pic il y a 10 ans.

Quand on a sorti notre premier album on était assimilé avec des groupes comme Brand New Heavies et Jamiroquai qui ne représentaient pas du tout ce que nous faisions. Certains de ces groupes étaient fantastiques. La meilleure chose est d’apprendre des erreurs du passé. Ce qui s’est passé c’est que les labels ont sauté sur le train en marche et ont complètement vampirisé le truc. Le résultat c’est que beaucoup de musiciens et leur crédibilité en ont souffert.

J’adhère totalement à ce que vous dites. Mais j’espère que tout le monde a bien compris la leçon. C’est peut-être la raison pour laquelle le mouvement actuel est plutôt roots et ne se soucie pas de passer en radio. Par ailleurs savez vous que

Oui on a entendu parler de çà et on aimerai bien savoir ce que çà donne.

Il est intéressant de voir quelqu’un comme Nick, issu de la vieille scene acid jazz, s’investir la scène néo rétro de la deep funk. J’espère qu’il s’agit d’un signe précurseur qui fera réfléchir les gens… Si cette musique continue de

La gueule de bois qu’on a eue au réveil après la mort de la scène acid jazz doit être gardée à l’esprit. Les musiciens doivent pouvoir être en mesure de contrôler la façon dont ils veulent faire évoluer leur son. Faire ce qui vous plaît est la chose la plus importante. Même en bossant avec notre nouveau label Quannum, on a quand même des divergences d’opinion.
 

Dans ce cas la solution idéale ce serait d’avoir votre propre label?

Bien sûr, mais on aurait besoin de soutien financier pour faire çà, et sans beaucoup de temps et d’efforts çà ne serait pas viable. Aucun d’entre nous ne vit de la musique. On fait tous des trucs différents à côté. On a même du pot de ne pas perdre de blé sur une tournée comme celle là. Les coûts du bus, des hôtels, de la bouffe et du reste, c’est là que part le pognon. En plus on est plutôt des fainéants ! (rires)
 

Toutes vos prods ont été enregistrées en analogique et pourtant vous avez un très bon son, avec un feeling très ‘live’ qui a ses racines dans le passé mais la tête dans le futur, un peu comme les labels spécialisés dans les 45t de funk. Que p

Pour être honnêtes on a entendu des trucs qui vont peut-être un peu loin dans le genre pourri pour faire ‘à la manière de’, pour faire un style old school ! J’aime bien mais il ne faut pas en abuser parce que des fois çà ne marche vraiment pas! Si on veut faire de l’authentique alors Ce n’est pas facile de bien le faire. Il y a de la musique expérimentale qui sonne bien mais nous avons notre propre idée du son que nous voulons avoir.

Il faut bien sûr expérimenter avec les sons mais je me demande si je ne serai pas un peu trop indulgent avec moi même si j’avais mon propre label. Remarque je ne sais pas si je le sortirai non plus dans le commerce à ce moment là.

Certains labels en font trop peut-être...
 

J’ai vu ici même la semaine dernière le groupe The Soul Destroyers, avez vous pu voir l’un de ces groupes Anglais?

Non pas vraiment. On ne les a pas vus, mais on a deux de leurs simples. On a quand même jammé avec Malcolm Catto (le batteur des Soul Destroyers). Il est vraiment bon. Le groupe est paraît-il vraiment terrible. On va jouer avec eux au Festival Deadbeat alors on va bien voir. Le dernier groupe que nous avons vu en live c’est Nick Cave (and the Bad Seeds). Lui aussi était vraiment bon.
 

Dans cette même perspective, j’étais très intéressé par votre approche de la batterie Max. Je pensais que vous taperiez là dessus comme un furieux. Mais votre approche physique est très différente de la plupart des batteurs. C’est très jazzy

Oui la plupart des gens pensent que plus il y a de mouvement et de force derrière les baguettes, le mieux c’est. Mais y’a pas besoin d’être Rambo pour avoir une attaque super dynamique et énergique. Pas besoin de faire du drumming-fitness. I suffit juste d’amplifier le set un peu plus fort ! (rires)

Oui je blâme des gens comme Phil Collins ou des groupes comme Toto. En parlant du Deadbeat festival aurez-vous l’occasion d’aller écouter les autres groupes présents à cette occasion ? Le groupe qui jouera en sous sol s’appelle Knucklehead et il

On n’a vu aucuns des groupes qui se produisent là. Alors je suis sûr qu’il y aura des trucs sympas. C’est une grosse opportunité de jouer devant un public ouvert puisque le programme du festival est très éclectique. Il y aura aussi une audience importante en terme de nombre. Donc une occasion de toucher des gens qui normalement ne seraient pas venus nous voir si nous avions été seuls sur l’affiche.
 

La réaction du public est donc importante pour vous, je veux dire que votre perception d’un bon ou un mauvais concert passe par là aussi ?

Non, la plupart des musiciens te diront que le feeling que tu as sur scène est indépendant de celui du public. Tu peux tout foirer et faire en sorte que le public trouve çà génial. Et à l’inverse, ils peuvent trouver le concert tarte et pourtant vous savez que vous avez été bons. Ce sont les hauts et les bas qui font que çà reste intéressant et enrichissant.
 

Il se peut que des fois les ratages vous inspirent de bonnes idées je suppose?

Oui je préfère des fois des types qui se plantent plutôt que des performances techniquement parfaites. C’est ce genre d’impro que nous aimons faire pour voir comment faire évoluer un morceau ou un passage de musique. On ne veut pas faire la même chose tous les soirs, tu vois? On se ferait rapidement braire. Le Funk est un genre très étroit et çà peut devenir rapidement casse pieds si on applique toujours la même formule. On veut repousser les barrières autant que l’on peut. Tout groupe qui se respecte devrait écouter autant de trucs différents que possible pour pouvoir continuer à développer des idées pour ne pas rester à faire du sur-place. Ne faire et n’écouter que du funk serait par trop répétitif.
 

Je vois que vous écoutez de la musique traditionnelle Marocaine en ce moment…

Oui je suis né en Afrique et j’ai entendu ce genre de musique dans les rues et un peu partout. Quand on a commencé à diversifier notre son, notre public a eu un peu de mal à avaler çà mais en tant que musiciens on doit pouvoir changer ou évoluer.
 

Alors la question est, devrons nous attendre encore 10 ans pour le prochain album?

Qui sait? On aime avoir toutes les options à notre disposition ! (rires) Sérieusement si on savait à l’avance quand nous pourrons sortir des albums, on te le dirait mais on explore tous des voies musicales différentes pour se retrouver ensuite. Donc c’est toujours une surprise pour nous même quand on arrive à compléter quelque chose. On va donc laisser faire les choses naturellement.

Si quand nous nous retrouvons on voit que quelque chose se passe et que de nouvelles idées voient le jour alors nous sortirons çà. Mais on ne planifie jamais du genre on sortira un album tous les tant.... Il faut pour que cela marche que nous ayions le sentiment que le son est comme il faut et que nous ayions quelque chose à dire, sinon çà ne marche pas. Il nous est arrivé de faire quelques trucs que nous n’étions pas forcés de faire mais que nous avons fait sans autre motivation que celle de sortir quelque chose et ce n’est pas une bonne façon de bosser. On se mets la pression tous seuls comme si on DEVIONS finir quelque chose et quand c’est comme çà c’est la musique qui en souffre.
La plus importante chose est de se demander ce que tu es en train de faire et pourquoi. Alors si il suffit de sortir de chez soi et de jouer du funk c’est trop simpliste. Il faut quand même savoir ce que tu veux faire passer.
 

Cest exactement la raison pour laquelle j’ai été heureux de découvrir la musique de groupes tels que le vôtre qui utilisent des méthodes traditionnelles pour créer quelque chose de nouveau et de vital plutôt que d’avoir à écouter constamment

Il doit sortir le mois prochain mais... on ne sait jamais avec les maisons de disques! Çà va sortir quand çà va sortir ! On essaie de ne pas se polluer le cerveau avec ce genre de trucs. De toutes façons çà ne dépend pas de nous !

Bon je ne vais pas vous pousser alors!
 

Le très prochain album des Whitfield Brothers album, In The Raw, sur Soul Fire records a été acheté après un concert mémorable pour £10 et il contient quelques tracks superbes. Ecoutez le dansant Sol Walk, Yakuba ou le très afro-funk-jazz Eji. Egalement disponible sur Soul Fire, vous trouverez les 45T qui ne seront pas sur le LP.

Remerciements à Bo, Jan et Max pour leur disponibilité et à Ed Mason et le Hi Fi Club qui nous a aidé à rendre cette interview possible.


Traduction : Wonder B du Mothership Funk Club de Paris et Rédacteur de FUNK-U Mag

Membres originaux :

Interview - The poets of Rhythm
Boris "Bo Baral" Geiger: Lead Vocals / Percussion / Musical Director
Jan "JJ" Whitefield: Guitar / Musical Director
Jan "Curly" Krause: Fender Bass
Till "Spooky" Sahm: Organ / Moog / Rhodes
Malte "Malteo" Müller-Egloff: Alto Sax (later replaced by Wolfgang "Wolfi" Schlick)
Wolfgang "Wolfi" Schlick: Alto Sax / Side Flute
Michael "Treetop" Voss : Trumpet
Max "Muggy" Whitefield : Drums

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